Pages

dimanche 3 novembre 2013

Les gens qui savent !



Vous êtes avec des amis, des collègues, ou en famille, et vous les connaissez certainement. Ils sont là, ils traquent toutes les opportunités, les gens qui savent.
Ils ne savent pas seulement dans lʼabsolu, ils savent, dans lʼabsolu, mieux que vous.
Tout.
Même ce à quoi vous êtes pro et ce à quoi ils nʼentendent rien, ils le savent.

Cʼest magique!


Heureusement, les gens qui savent sont toujours là pour énoncer les sentences de sagesse qui manquent à votre culture, à votre épanouissement personnel.
On peut dire que les gens qui savent sont indispensables. Pas uniquement parce quʼils sont persuadés de lʼêtre, mais vraiment parce que vous avez besoin dʼeux.
Ne le niez pas : vous connaissez des gens qui savent et vous les méprisez secrètement (voire ouvertement, si vous les subissez depuis longtemps : ça se comprend.)

Bref : vous méprisez ces gens sans même savoir que leur science vous est absolument et résolument nécessaire.
Vous hésitez encore pour la couleur de votre moquette?
Quʼà cela ne tienne, demandez aux gens qui savent!

Parce que, eux, ils savent ce qui va bien dans votre maison, ils connaissent la meilleure marque de moquette et, en plus, ils savent mieux que vous la couleur que vous aimez, qui ne se salit pas, qui ne se fane pas, qui plait à tout le monde puisque cʼest la plus belle!


Eh oui, les gens qui savent, savent.
Ils sont les garants du bon goût et du sens commun, de lʼobjectivité faite subjective et accessible, désormais, à tous!
Les gens qui savent sont comme des gourous en mal de suiveurs, il leur faut leur secte. Ils aiment persuader, à grands coups dʼargument qui vont bien.
Ou pas.



Les gens qui savent ont souvent des arguments approximatifs. Il ne faut pas leur en
vouloir, cʼest une question de logistique. Vous allez comprendre.
Les gens qui savent nʼont jamais de temps pour réfléchir. Cʼest bien naturel, quand on y pense : quand on sait, on a nécessairement la mission de transmettre.
Alors ils parlent. Tout le temps.

Mais alors tout le temps.

Ils sont hyper pros dans le domaine de la transmission.



On le voit : cʼest difficile de tenir compte des contradictions quand il nʼy en a pas. En fait, les gens qui savent ne sont jamais contredits. Pourquoi?
“Nous lʼallons montrer tout à lʼheure!”, comme disait lʼautre.
Tout simplement parce que les gens qui savent se débrouillent pour émettre un débit de paroles suffisamment intolérable pour que personne nʼait la possibilité dʼintervenir de manière claire et construite. Certaines victimes trouvent un stratagème pour résister à lʼinvasion verbale (une sorte de contre-courant mental). Dʼautres roupillent, tant quʼà faire.



Dʼautres subissent leur détresse sans pouvoir la fuir.
Dʼautres ne savent même plus ce quʼils pensent.
Cʼest une situation pénible et douloureuse.

Alors, quelquefois, on essaie la sincérité.



Non, cʼest juste pesant, pénible et sans intérêt. Cʼest illogique et mal argumenté. Le raisonnement est répétitif, sans surprise et sans recherche.
Le pire, cʼest quʼils se répètent. Soit pour écouter leurs belles opinions, soit pour bien nous enfoncer dans le crâne ce quʼils croient quʼon nʼavait pas saisi à la première salve. Cʼest probablement lʼune des caractéristiques les plus pénibles du discours des gens qui savent.



Mais il reste encore quelque chose de bien, dans ce domaine, cʼest la reprise amicale.

La reprise amicale est une pratique de “gens qui savent”. Une fois que lʼauditeur est bien assommé par un discours soporifique et inlassablement répétitif, on traque le moment où il interviendra. Evidemment, il sera maladroit, puisquʼil nʼest plus exercé à parler depuis peut-être une ou deux heures, voire davantage. Alors il sortira un truc mal fagoté.

Et, triomphalement, les gens qui savent pourront à ce moment précis sortir leur botte de Jarnac : leur “reprise amicale”.



Parce que les gens qui savent sont tellement persuadés que les autres ne savent pas et quʼils ont tout à leur apprendre quʼils interprètent hardiment un lapsus ou une confusion au premier degré.

Il ne faut pas leur en vouloir, cela leur donne lʼoccasion dʼune petite joie supplémentaire : corriger un ignorant.

“Ergoter bêtement sur une erreur qui nʼen est pas une”, diraient dʼautres.
Mais mon propos nʼest pas de tirer sur lʼambulance.
Quoi que...

Conclusion

Vous connaissez certainement des gens qui savent. Ne leur jetez pas la pierre, ayez pitié dʼeux.
Voyez à quels exercices logorrhéiques ils se soumettent par besoin de reconnaissance, par nécessité de plaire, dʼêtre écoutés, vus, entendus, appréciés!
Offrez-leur un verre dʼeau minérale, qui évitera la sécheresse buccale autant quʼelle viendra apporter quelques éléments nutritionnels essentiels au bon fonctionnement de vos gens qui savent.

Les gens qui savent sont fragiles, il faut les préserver, même si lʼespèce est sans cesse en excès démographique. Surtout, ne les contrarions pas, laissons-les savoir, ne leur faisons pas de mal.
Ils ont le droit de vivre, après tout. Mais dans leur milieu naturel :

Loin de nous!




Avec tous mes remerciements et connivences de plumes pour Dame Mim! ;)

1 commentaire: