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mardi 8 avril 2014

Looking for Michael...






Jackson est mort, vive Jackson !

C’est vrai quoi, ai-je pensé ce fameux soir de Juin 2009.

Le roi n’avait pas encore terminé d’expirer que les clameurs d’une foule innombrable se disputaient déjà sa dépouille.

Une armée de financier ne tarderait pas à capitaliser sur les cendres de son oeuvre tandis que d’autres se mettaient déjà en quête de l’assassin régicide. Du fourbe malfaiteur qui avait effacé du monde l’un de ses derniers enchanteurs.

Et que dire de ceux qui ne crurent point ?
De ceux qui décrèterent la survie du King ? Prétextant un subterfuge, un coup monté !
Une supercherie !

Une FALSERIE prévue et orchestrée de longue date par MJ lui-même !

Mais si j’vous dis. Y en a des millions qui croient ça !

Ma propre mère aussi. C’est vous dire.

Comme ça, crack ! Du jour au lendemain.

La disparition de Michael à fait surgir en elle une sorte d’adulation suspecte, une admiration sans borne. Une idolâtrie à la sauce païenne. Le pire c’est qu’il y en des millions à travers le monde à avoir attrapé le même virus. Où mordu au même hameçon.
Façon de voir la chose.

D’ailleurs, se renseigner sur ce point n’est pas chose difficile et l’explosion post mortem de la popularité du Seigneur de la Pop n’est pas sans rappeler le règne d'un souverain antérieur dont le décès provoqua quelques trente ans plus tôt un phénomène assez similaire.




Alors voilà.

En remontant la piste je suis tombé sur ce film de 2011, produit par Canal+.
« Believers », de Fred Baillif :



Ici, pas de grandes extrapolations mais plutôt le mérite de se rapprocher des « believers »,
des croyants, des mordus !
Et il y en a des beaux. 52mn qui ne manquent pas d’honnêteté pour rapidement présenter les déductions attendues :

Le hoax, le fake, le faux, le canular
génère bien plus d’argent encore
que la bête réalité d’un roi
que des millions ne sauraient imaginer nu
.. et mort.

Alors que faire ?
Comment vivre après la mort de Dieu (on en est éternellement là) sinon le célébrer comme jamais, l’imiter, veiller à ce que les braises ne
s’éteignent trop vite.

Et pourtant elles s’éteindront comme celles de

Charles Chaplin, 1889/1977


Louise Brooks, 1906/1985
James Dean, 1931/1955


Jimmy Hendrix, 1942/1970


Freddy Mercury, 1946/1991



Jeff Buckley, 1966/1997



Amy Winehouse, 1983/2011


Michael Jackson, 1958/2009


Etc…
Se rassembler, se souvenir de lui.

Se redire ses paroles, refaire ses gestes en une parousie pathétique.

« Il n’est pas mort » proclament ‘ils !
Les formes de ce nouveau culte ont aussi leurs nouveaux prêtres et oracles dont l’un confesse sans scrupules gagner sa vie du commerce de la sainte dépouille, maîtrisant les voies d’accès vers toujours plus de vérité sur l’illusion de sa mort.

Le cadavre était donc encore frétillant, il y avait de quoi dire.
C'est à ce moment là que j'ai commencé à pousser plus avant mon investigation.
Cest au détour d’un Wiki que je rencontrais mon plus fructueux indicateur :


Elle s’appelait Amélie.

Amélie Dalmazo, une nouvelle tête pensante et réfléchissante, ayant présenté une thèse sympathique sur
les « Charisme et phénomène de fans ».

Dans son bouquin, elle crame carrément l’idole :



Titre brûlot s’il en est mais qui a le mérite de rappeler qu’il ne s’agit que d’un homme, certes singulier, mais d’un homme avant tout et souffrant d’un maux que lui-même avouait porter (et que nul n’ignorait) : celui de « Peter Pan à la recherche de l’éternelle jeunesse » ; pas si éloigné du reste de la figure mythique de Narcisse qu’Amélie rapproche souvent de Michael.

La voici interviewée :


Et ici en compagnie de trois autres sur France Inter, histoire d’élargir les vues :

http://www.franceinter.fr/emission-le-debat-de-midi-ces-morts-dont-nous-avons-besoin

De la bonne matière tout ça, n’est ce pas ?

Bon allez. J’arrête la rengaine MJcide.
Et d'abord parce qu'elle est pas représentative de tous ce que je pense du bonhomme.

Je veux dire, au fond de moi.
C’est vrai. Je l’aimais MJ.
Sincèrement je l’aimais.

Et j’ai été, depuis le début (quasi) un grand vénérateur de l’artiste.
Billie Jean fut sans doute le premier clip que je vis à la télévision.
J’avais 6 ans en 1982.




Les images de cette silhouette à l’élégance féline sont désormais gravées dans mon enfance. Je m’en souviendrais probablement toute ma vie comme d’un moment de magie, simple et pur. Combien de fois y-ais je repensé moi-même, la nuit, retournant chez moi sous les seules lumières de la ville, frappant le bitume de mes semelles dans la lancinante obsession de cette chanson.
Mes années lycées reçurent comme une manne le quatrième album sorti en 1991, « Dangerous » que je considère encore comme le dernier effort vraiment artistique de l’intéressé.


Néanmoins, je reviens régulièrement vers des sons plus lointains, même si je pense les avoir tous entendu dans mes 16/20 ans.



"Off The Wall", dés 1979 est un peu mon chouchou. Je ne sais trop pourquoi.
Peut-être parce que Thriller, deux ans plus tard est déjà assez inatteignable, que son style est moins « rond », plus « sharp », plus impatient, plus éclatant, plus avide de …démonstration ?!

Ce que je dis n’a pas grand sens, ou peut-être tout autant que de se demander pour lequel des deux Beatles notre cœur penche le plus.



Et puis dans « Off the Wall », il n’y a pas que Jackson, il y a aussi et surtout :
Quincy

Quincy Jones, (1933/..) Musicien, chef d’orchestre, producteur, arrangeur, compositeur américain.
Oui oui tout ça !
Et derrière lui un joli carnet d’adresses dont entre autres


Magic Stevie

Stevie Wonder, co auteur de « I can’t Help It » :



et Macca
Biensur !
Paul McCartney venu signer le titre « Girl Friend ».

J’aime énormément tous les autres titres notamment

Working Day and Night,
Off the Wall,
Don’t Stop ‘Til You Get Enough.

Que de la grosse balle de dance floor, vraiment.

Et puis « Thriller » donc.



L’imparable album dont chacune des pistes, prises séparément auraient sans doute pu finir au plus haut des ventes. Même si 7 titres classés sur 9, ça force la révérence, malgré tout.

Ces chansons ont tellement été entendu qu’il est presque
impossible de conserver un peu d’appareil critique à leur égard.
Mais là encore, le jeu des reprises est parfois un bon indicateur de la qualité et de la postérité des œuvres. Particulièrement quand il s’agit de ce soi-disant « art mineur » que serait la chanson (Dixit Gainsbourg).

Voici donc :

Wanna Be Startin’ Somethin’ d’après Camille :


Billie Jean par Caetano Veloso :


Beat It par Pomplamouse Music :


J’aime aussi « The Girl is Mine », parce que c’est encore Macca qui s’y colle et que les deux compères remettront ça peu de temps après pour :

Say, Say say!



« Thriller », le titre je commence à avoir un peu de mal.
Trop repassé déjà.

Et puis à vrai dire ce qui me plait beaucoup dans cet album c’es encore une fois les nombreux autres artistes qui y ont participé et en première ligne desquels plusieurs membres du groupe Toto :




TOTO = David Paich + Steve Lukather + Les frères Porcaro + quelques autres..

Des copains de lycée qui fonde un groupe au milieu des 70′s et qu’on retrouve très vite dans tous les plans possible, à squatter les studios de tous les plus gros artistes disco/funk du moment.

Pour mémoire citons :
Rosana


Je préfère largement cette version au clip original qui pique un peu les yeux (Kitchissime!)

Et Africa

Qu'on ne devrait plus présenter (Je crois)

Des zicos. Des vraies, des doués. Et des bidouilleurs aussi.
Qu’aimaient bien mixer les arpèges et programmer les synthés.
Steve Porcaro en 1982 devant un synthétiseur modulaire analogique. Un quoi ?!
Avec Michael, il y a une chanson qui illustre parfaitement leur apport, c’est « Human Nature »


Où l’on entend très bien les arpèges des claviéristes Steve Porcaro et David Paich, le shuffle soyeux du batteur Jeff Porcaro et le soutien élégant de Lukather, le guitariste.

Mais perso, c’est à Jeff Porcaro, sans doute le plus talentueux de toute la bande que je décernerais l’oscar.

Jeffrey Thomas Porcaro
The man with the golden feel
1954-1992


Co-fondateur du groupe avec le pianiste David Paich. Né pas très loin d'un set de batterie (Le père fut déjà un grand percussionniste et les frangins Steve et Mike ne se firent pas longtemps prier pour rallier le duo).
Très tôt reconnu et admiré de tout le sérail de la profession aux Etats-Unis, puis de la terre entière, il ne se trouve pas un album ou un artiste de premier rang entre 1975 et 1992 qui n'ai voulu s'attacher le talent monstrueux de Monsieur Jeff.


Pour info :
Ray Charles (If I could), Aretha Franklin (What a fool Believes), Paul McCartney (Silly Love Songs), Paul Simon (Train in the distance), Steely Dan (Bad Sneakers), Diana Ross (Baby It's Me), Eric Clapton (Forever Man), Pink Floyd (Mother), Crosby, Stills & Nash (War Games), Joe Cocker (Come on In), Elton John (Princess), Boz Scaggs (Lowdown), Les Jacksons (Midnight Rendezvous), Les Bee Gees (Living Eyes), Bruce Springsteen (Human Touch), Earth, Wind & Fire (You and I), George Benson (Lady love me one more time), Al Jarreau (Mornin'), Sergio Mendes (kalimba), Christopher Cross (Arthur's Theme), Dire Straits (Calling Elvis), Lionel Richie (Running with the night), Manhattan Transfer (Birdland),
Mais aussi Claude Nougaro (Pacifique) et Michel Berger (Dreams in Stone ) aux détours de leurs aventures outre atlantiques.

J'en passe et Jackson
évidemment.
Au fait, la partie rythmique de Beat It! ça vous dit rien ?

Pour ceux que ça intrigue voici une sélection de dix morceaux de référence :
http://www.musicradar.com/fr/news/drums/dix-morceaux-de-legende-joues-par-jeff-porcaro-574361

Pour ceux qui préfèrent la pratique, ya une Master Class, juste en-dessous :
http://www.drummerworld.com/Videos/jeffporcarorosanna.html
et pour ceux qui serait comme moi passé raide fan : http://www.jeffporcaro.fr/

~

D'un roi à l'autre, revenons à Saint Mike et l'année 1987 avec :
Ça se durcit.

Si on peut dire. Sachant que Jackson prend de plus en plus
l’habitude de se toucher l’entre jambe à chaque sortie publique.
Enfin bref, on aura compris que la chanson éponyme ne m’inspire plus
vraiment.

Par contre la deuxième beaucoup plus.
« The Way You Make Me Feel » m’accroche bien par son groove qui fait de l’œil à ses débuts.
Allez, je vous offre cette émouvante reprise de Stevie qui n’aura pas
pu refréner quelques sanglots en l’interprétant en mémoire de lui :


Je trouve « Liberian Girl » dans la lignée de « Human Nature »

Le clip montre comment MJ se ressent déjà à part par rapport au monde de l’ »entertainement » américain (celui des 80's). Caché derrière la camera, surplombant tous ce joli monde qui s’inquiète de son « absence » MJ s’exclu déjà lui-même du jeu.

« Man in the Mirror » à l’allure de ces ritournelles à valeur d’hymne que Jackson aimera de plus en plus composer ou simplement interpréter par la suite dans sa carrière (Heal The World, Earth Song et d’autres).



Le reste est le reste.
Passons à « Dangerous ».


Plus proche encore de mes souvenirs.
J’ai trippé, j’avoue, sur « Jam » qui vit la réunion des deux MJ (l’autre c’était Michael Jordan cqfd) mais le nouveau Son de Jackson me surprenait, imprégné qu’il était de « New Jack », ce style qui préparait l’omniprésent R&B d’aujourd’hui.
Et encore, faudrait s’entendre, parce qu’il y a autant à voir entre le R&B moderne et le Rythm & Blues d’antan qu’entre les sex pistols et Chuck Berry.

Non, ce son là n’était déjà plus ma came.

Par contre j’aime beaucoup « Remember the Time » dont la mélodie et son développement me la rende assez insolite tout en restant apparemment simple et accrocheuse à l’écoute :



« Who is it » possède une atmosphère dense et envoûtante que soulignent très joliment les nappes de synthés.


Cela dit, là encore, les boites à rythme me semblent un peu trop à l’honneur.

Voilà pour le quatrième album. et c’est à peu près tout pour moi.
Plusieurs années plus tard, vers 2001, une dernière chanson m’accrochera pour de bon.
Et ce fut « Butterflies », sortie sur l’album « Invincible ».



Ces entrelacements de voix dans les chœurs, le caractère ascendant de la mélodie m’auront permis de conserver une grande estime pour l’immense talent de cet homme que l’œuvre et le succès auront hélas trop tôt consumé.




(…)




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